Jeux de Guerre Olympiques
N’y a-t-il pas d’activité plus anoblissante, flamboyante et glorieuse, que la guerre ? Sauf, peut-être son substitut, qui est la compétiton sportive collective ? L'histoire nous a en effet maintes fois montré que l'on peut prendre plaisir à pourchasser d'autres personnes, à les tuer, et à les détester. L’agressivité semble être dans l’esprit des hommes, comme s’ils avaient toujours eu ce besoin de combattre ou de faire face à l’adversité. Est-ce les réminiscences de notre instinct de conservation ? Une pulsion biologique qui nous pousse, telle une amibe, à nous fermer devant celui qui va nous nuire ?
Nombreuses sont les sociétés qui au cours de l’histoire ont valorisé et qui valorisent encore aujourd’hui l'agressivité et dont la guerre est l'expression extrême. La devise de l’UNESCO exprime d’ailleurs cette idée que «la guerre est dans l'esprit des hommes et que c'est dans l'esprit des hommes qu'il faut ériger les remparts de la paix».
En attendant ce jour béni où nos murets actuels deviendront effectivement des remparts, pourquoi ne pas suivre l’exemple des Asiatiques qui se défoulent en pratiquant des jeux guerriers, soit de manière virtuelle, derrière un écran d’ordinateur (les jeux en ligne sont très populaires en Chine où 80% des mineurs ont accès aux jeux vidéo sur Internet);
ou bien en pratiquant des jeux de rôles tels que l’airsoft ?
L’Airsoft, tel que j'ai pu le découvrir à Yangshuo, est un sport où les joueurs simulent les combats militaires à l’aide d’armes (air soft gun) propulsant par gaz ou air comprimé des billes en plastique de 6 mm ou de 8 mm. Le jeu d’airsoft fut dévellopé au Japon après la Deuxieme Guerre mondiale, période où il était alors impossible (aujourd’hui encore) de posséder une arme à feu. Vers le milieu des années 1970, tout en respectant les lois japonaises draconiennes, des répliques d'armes pouvant tirer des projectiles, non dangereux, furent mises sur le marché. C’est sans doute pour cette raison que ce sport est actuellement très populaire en Asie dans des pays comme le Japon, la Corée, Taiwan et la Chine.
Ph: Associated Leret
La règle principale de l’Airsoft est toute simple, il suffit de tirer sur ses adversaires, donc de les éliminer du jeu, et de faire remporter la victoire à son équipe. Par la nature du jeu une protection oculaire est obligatoire, genres : masque grillagé, masque intégral ou lunettes. Beaucoup d'équipes s'accordent à interdire les tirs en aveugle, les rafales à courtes distances, et la visée de la tête lorsque cela n'est pas nécessaire.
Contrairement au paintball (un sport de tir similaire mais dépouillé des aspects para-militaires) aucun impact coloré ne vient marquer le joueur touché. C’est pourquoi le jeu d’airsoft fait appel à un code d’honneur et sur le “fair-play” où le joueur touché doit de lui-même indiquer qu’il est éliminé en criant “out” et en levant son arme au-dessus de sa tête. Cependant un médecin peut-être désigné pour soigner “la victime” qui pourra à nouveau trucider ses ennemis. Pratique !
Il est donc possible à Yangshuo de pratiquer ce genre de sport. Une heure de combat, sans compter toute la préparation, revient à environ 16 euros par personne.
Certains diront que c’est un jeu de rôle très tactique qui en fait un excellent sport d’équipe, alors que d‘autres y verront plutot l‘apologie du sport de combat et la mise en avant d‘instinct guerrier puéril, le jeu vu comme une représentation du type « théâtral » qui prépare à la guerre en la glorifiant et en la valorisant.
Pour le groupe que j’ai pu suivre (en tant que photographe de guerre), les joueurs étaient pour la plupart novices, et avaient plutôt l’air de prendre ça à la rigolade (Seuls quelques aficionados et guerriers autoproclamés disposaient de tout un attirail personnel : tenue de camouflage, liaison radio, panoplies d’armes…). C’était d’ailleurs assez incongru de voir de jeunes amazones défendre leur territoire en se faisant presque volontairement tirer dessus afin d’écourter leur calvaire, comme si leur instinct guerrier n‘était pas aussi affûté que celui des hommes !
Jeux de guerre ou la guerre comme un jeu ? La distinction n’est peut-être pas aussi nette : Que penser par exemple de ces combattants, qui après avoir joué leur rôle sur le champ de bataille ont dû quitter le théâtre des opérations, victimes et mutilés, pour se confronter à d’autres adversaires - ou les mêmes peut-être ? - cette fois-ci réunis autour de valeurs plus respectables... Je veux parler des Jeux Paralympiques…
Melissa Stockwell, à l'entraînement dans le centre nautique national aussi connu sous le nom de "cube d'eau". Stockwell fut l'une des deux vétérans US de la guerre d'Irak à participer aux Jeux Paralympiques de Pékin en septembre 2008. (AP Photo/Greg Baker)
C’est en 1960 que sont officiellement créés les Jeux Paralympiques. L’objectif fut de permettre à des athlètes victimes d'un handicap physique de se dépasser et de se réaliser par le biais d'une grande compétition sportive. Il s'agit aussi de défendre une certaine vision de l'Homme, où l’athlète, bien qu'handicapé n'est en rien diminué dans son humanité. Cette vision se retrouve dans la devise de ces Jeux Paralympiques, ''L'esprit, le corps et l'âme'' qui sont, paraît-il, les trois mamelles de l'être humain !
Bon pied bon oeil : Match de foot lors des Jeux Paralympiques de Pékin en septembre 2008. Dans cette discipline deux equipes de 4 joueurs non voyants s'affrontent, chacune aidée par les instructions d'un joueur voyant. Le gardien de but ne disposant lui-même que d'une vision unique ou limitée. Ca laisse sans voix !(FREDERIC J. BROWN/AFP/Getty Images)
Libellés : internet, jeux olympiques, militaires
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