Les Tribulations d'une famille sur les routes de la soie” /> User-agent: Googlebot allow: /

15 janvier, 2007

Bols de vies


L'ex-propriétaire de notre nouvelle maison ayant fait ses valises, nous avons fixé la date du déménagement pour cette semaine. Plutôt que de déterminer celle-ci en se référant au calendrier chinois ou en se livrant aux bons augures d'une chiromancienne taoïste (très important ici), je me suis fondé sur mes propres divinations dermatologiques (science divinatoire basée sur les constellations cutanées du corps et les fluxions d’humeurs - pour ma part je suis du signe du pore, ascendance verrue -). Compte tenu de la disposition et de la pigmentation actuelle de mes éphélides dorsales j’en suis arrivé à la conclusion que le 17 janvier était une date particulièrement propice aux déplacements géographiques (curieusement - et cela me conforte dans le sérieux et la validité de cette science - je suis parti pour mon tour du monde à vélo le 17 janvier 1993).
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La maison dispose de cinq niveaux, dont deux sont actuellement en location (30 et 40 euros mensuels). Dans un premier temps, le rez-de-chaussée devait être occupé par une nièce de Xiao-Lin de retour au pays. Mais...
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A l’instar des 150 millions de migrants des zones rurales employés dans les villes, (soit 11,5% de la population) la nièce, petit grain de riz dans ce grand flux migratoire, voulut tenter sa chance et fuir les rigueurs de la campagne. Employée pendant près de trois ans dans une usine de produits toxiques du centre de la Chine, la tâche ne fut pas facile, mais bien rémunérée : 2000 yuans mensuels, soit le double d’un salaire moyen chinois. Non seulement satisfaite de cumuler les heures de travail, elle trouva le temps de se marier (sans cérémonie officielle) et de suivre un stage d’apprentissage sur la cuisson et la préparation du canard laqué ! C’est donc la bourse pleine, un homme dans la poche - et pas l’inverse - , et le crâne farci de gallinacés croustillants, qu’elle refait surface.
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Avant toute chose elle devait s’acquitter, au prix fort, d’une place sur le marché local. L’emplacement étant vendu au plus offrant, elle a dû surenchérir sur une voisine de sa tante chez qui elle devait s’installer. Du coup la concurrente, qui l’a en travers de la glotte, s’est dressée sur ses ergots. Alors, pour éviter les ennuis la nièce préfère se tenir à carreau et nicher pendant un temps au rez-de-chaussée de notre domicile.
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Profitant de notre déplacement à Guilin, la grande ville voisine où je devais y prolonger mon visa, elle nous accompagna afin d’y effectuer des achats de marmites et autres ustensiles utiles à l’activité de laqueuse de canards. Tout se déroula comme sur des roulettes (la demande pour un visa d’un an fut acceptée sans peine), à ceci près qu’à notre retour, traînant de l’aile dans les embouteillages, un taxi eut la malencontreuse idée d’emboutir l’arrière de mon AX.
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Comme il est d’usage dans de telles circonstances, les auteurs de l’accident doivent s’immobiliser sur les lieux du drame et attendre l’arrivée des forces de l’ordre pour y démêler les responsabilités de chacun. Dans notre cas la situation était suffisamment claire et sans gravité : si mon pare-chocs s’en tirait avec de discrètes éraflures, mon coffre, en revanche, ne fermait plus à clef. Le taxi avait tous les torts, et l’incident, trop bénin pour faire intervenir notre assurance, ne pouvait se conclure que par une compensation financière immédiate, de la main à la main. Après une quinzaine de minutes de négociations j’obtenais 50 yuans (5 euros). Pas de quoi remplir la marmite !
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Manque de bol, de riz ! Le lendemain, l’énorme jarre de cuisson en terre cuite qui devait servir à rôtir la volaille (il faut que je dégotte une photo), se révéla trop volumineuse pour franchir la porte de la cuisine. Notre " basse cour " extérieure étant mal adaptée, la nièce se résigna donc à chercher un local plus approprié à son activité.
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Tenancier
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Tenant à coeur mon nouveau rôle de tenancier d’une modeste pension de famille dans une bourgade du Sud de la Chine, mais handicapé par mon indécrottable analphabétisme en matière de mandarin, je laisse le soin à Xiao-Lin de se dépatouiller de la paperasserie et de ses galimatias copieusement indigestes. Compteurs d’eau, d’électricité (à relever et à payer tous les mois), redevance télé (la liaison est déconnectée lorsque la facture annuelle n’est pas réglée), ligne téléphonique avec branchement à l’ADSL... Faut saisir les nouvelles règles du jeu. Crise de stress !
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Et puis, comme de bien entendu, il y a les petites surprises inhérentes à l’installation dans une nouvelle résidence : tuyauteries et évacuations d’eau bouchées par des rats en décomposition, circuits électriques défectueux, les murs imprégnés d’humidité... Bref, les bonnes surprises habituelles.


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On en est là, à remettre en état une partie de l’installation électrique. Moi qui, en France, commençais à saisir quelques rudiments du métier, me voici plongé dans un océan de perplexité : Pas de boîtiers de fusibles, des câbles gros calibre, la terre reliée au mur... Je dois donc raccorder toute ma confiance aux électriciens du cru vêtus d’une tenue de camouflage, apparemment des petits gars du génie en formation, embauchés par un ancien militaire. Le prix est fixé au mètre de câble installé, soit 0,25 euro/m. A charge pour nous d’acheter et de fournir le matériel nécessaire aux travaux.
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Soucieux d’apporter un peu plus de confort à tous les étages, nous avons fait installer douches, ballons d’eau chaude électriques, et hottes aspirantes dans les cuisines. Mais cela n’empêcha pas aux locataires, dès notre arrivée, de réclamer une réduction du loyer ! Le confort - s’il y a un prix à payer - ce n’est pas trop leur truc. Ainsi, plutôt que de consommer en chauffage électrique, ils préfèrent se calfeutrer dans leurs grosses vestes et se rassembler autour d’un brasero alimenté de charbon de bois. Etant donné l’absence de cheminée, et afin de ne pas mourir asphyxiés par la fumée, ils doivent laisser les portes ou les fenêtres ouvertes. L’air chaud se mêle aux courants d’air. Vivifiant !

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4 Commentaires:

At 15 janvier, 2007, Anonymous Anonyme a commenté...

Je viens de lire votre mail (merci de ta réponse) et le site, bon courage pour les prochains jours. Jacqueline F

 
At 16 janvier, 2007, Anonymous Anonyme a commenté...

Je vois que les plaisirs de la vie continuent. Peux-tu expliquer ce que tu entends par "éphélides dorsales"
C'est vraiment trop drôle et très intéressant de connaître la vie réelle menée par vos concitoyens chinois et par les pauvres immigrés un peu ignare des us et coutumes du pays que vous êtes.
Bon courage tout de même pour déboucher les tuyaux, et, gare aux courts circuits, au CO2 et aux traces de fumée sur les murs. Gros bisous. Anny L

 
At 20 janvier, 2007, Anonymous Anonyme a commenté...

Avez-vous fait un changement d'adresse ? Nous avons effectivement fait l'envoi d'un colis mardi matin à l'adresse que vous nous aviez transmise.(Nous avons fait des photocopies car pas assez doués !) Bon courage pour votre installation !!!!!Bisous à tous. Servane, Loann, Alain et Valérie.

 
At 29 décembre, 2007, Anonymous Anonyme a commenté...

Votre recit est tres interessant et vous semblez bien vous adapter au pays. Bonne chance et bonnes fetes de fin d'annee.

wangyuan

 

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