Les Tribulations d'une famille sur les routes de la soie” /> User-agent: Googlebot allow: /

23 novembre, 2006

Maison de Chine (suite)

Magouilleland !
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A vrai dire, dans le contexte actuel du marché immobilier en Chine, nous sommes un peu perdus, dans l’expectative : moi n’ayant aucune maîtrise de la langue chinoise, Xiao Lin mal à l’aise avec les ambiguïtés et les subtilités de la législation en vigueur. Nous nous sommes avancés à grands pas dans l’achat d’une maison sans très bien savoir où nous posions les pieds. C’est donc par petites touches que les choses nous sont dévoilées, chacune entraînant son flot de complications :
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- La situation peu claire de la propriétaire : C’est une femme de 50 ans, professeur de mathématiques, veuve depuis peu. Les papiers ne sont pas encore à son nom. Elle a trois enfants (dont deux sont issus d’un premier mariage de son mari). Alors, à qui appartient la maison ?
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- Les plans de la maison indiqués sur le contrat de propriété ne correspondent pas à la réalité ! Les propriétaires ont en effet effectué des travaux, rajoutant une surface habitable d’une vingtaine de mètres carrés au sol (sur 5 niveaux) sans avoir obtenu une autorisation préalable et sans l'avoir déclaré (mais comme nous allons l’apprendre c’est une pratique extrêmement courante ici !) La maison est donc vendue (avec le consentement de l’agence !) sans que cette surface supplémentaire soit mentionnée. Nous avons donc deux possibilités : Prendre la maison telle qu’elle est définie dans le contrat de propriété en espérant ne pas être contrôlé, ou alors déclarer la surface réelle, impliquant une augmentation de l'ordre de 4 000 euros pour les frais d’actes, de taxes et d’amendes !
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- La propriété du terrain n’appartient pas directement au gouvernement. Le droit d’usage a été concédé à un organisme tiers (une émanation du ministère du Territoire et des Ressources naturelles ?) gérant certains terrains anciennement privés ou à usages agricoles. De fait, le statut du terrain ne nous apparaît pas très clair ! Quoi qu’il en soit nous devons débourser une taxe complémentaire. Le montant de cette taxe - variable selon nos interlocuteurs - se situe entre 8000 et 10 000 euros.
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- A cela s’ajoutent les taxes habituelles d’une cession de propriété, cadastre, etc. évaluée à environ 17% du montant total de l’achat.
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Au bout du compte les différentes taxes ou assimilées sortent une à une du chapeau magique, sans savoir si cela prendra fin un jour ! De plus, pour chacune de ces taxes le montant semble aléatoire, comme si elles étaient surjettes à négociations. A nous de nous débrouiller avec ça.
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Or, vous vous en doutez bien, cette situation ne nous convient guère. Nous n’avons presque aucun pouvoir de négociation ou d’influence. Car en fait c’est là où tout se joue, que l’on touche au point sensible, à la clef de voûte d’une bonne opération à la chinoise : faire intervenir ses " guanxis ".
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Le Guanxi
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C’est un terme chinois qui désigne l’ensemble des relations personnelles d’un individu : famille, amis, collègues de travail, clients, etc. sans lesquelles rien n'est possible en Chine. Ses relations assurent une emprise sur l’environnement social et une protection contre lui et permet de naviguer dans les méandres d'un système administratif qui peut se révéler particulièrement complexe.
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Le guanxi procède d’échanges de " bons procédés " entre les personnes. Un système de relation où la face tient un rôle prépondérant. Car l’obligation de " ne pas faire perdre la face " à son guanxi, mais au contraire lui donner de la face, c’est le valoriser aux yeux de son groupe, le contraindre à bien se conduire et l’obliger à rendre la pareille dès que l’occasion se présente. La face détermine la véritable valeur des échanges créant et nourrissant le guanxi.
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Le rôle du guanxi (le " piston " dirait-on en français) est donc extrêmement important. Il permet à l’individu de trouver un appui, une monnaie d’échange, dans toutes les circonstances de la vie, aussi bien au sein de la cellule familiale (voir "les petites enveloppes rouges") que dans un système économique et commercial. C’est un avantage puissant qui compense le manque ou le flou des législations. Sans le guanxi il est quasiment impossible en Chine d’agir ou de communiquer.
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Or, handicapés par la longue absence de Xiao Lin du territoire (la qualité d’un guanxi s’entretient sur la durée), nos " guanxis " chinois se comptent sur les doigts d’une main. Le réseau de relations de Xiao Lin - une amie, un oncle éloigné employé dans l’administration des taxes foncières - nous permettent néanmoins de nous mettre au parfum, et de revoir la vente sur des bases plus saines.
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Consensus

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Finalement, après six semaines de négociations - ce fut long à mettre en place, car le consensus est le produit patient de toutes les meilleures idées, dans un esprit d'équilibre, chacun faisant intervenir dans la balance ses guanxis respectifs comme on pourrait sortir ses atouts d’un jeu de cartes - nous arrivons à un compromis et à établir un contrat de vente. Assez particulier en vérité ; Xiao Lin ne voulant pas prendre de risque et doutant de ses capacités à pouvoir négocier le montant des taxes auprès des autorités locales, laisse le champ libre à la vendeuse qui se chargera de toutes les formalités administratives. A charge pour elle de tout mettre au clair selon les termes de notre contrat, pour une somme fixe de 60 000 euro tous frais compris (maison, amendes et taxes). Advienne que pourra... Inch Bouddha !
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Le déménagement est prévu pour la mi-janvier.
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Voir aussi : Photos de la ville de Yangshuo vu d'un pic ; Photos de la campagne et des villages vu du ciel (en montgolfière) ou en diaporama.

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