Ventouses Yin Yang

Ici aussi c’est l’hiver et le froid s’est installé durablement dans nos maisons mal isolées. C’est une période sensible pour la santé et pour le moral. Une période où notre énergie vitale est au plus bas. Dans ce contexte il était donc devenu primordial pour Xiao Lin, de nature climato-pessimiste, de revigorer son Qi (prononcer Tchi). Cette fois-ci elle a eu recours à l’un des piliers de la médecine traditionnelle chinoise, à savoir l'acupuncture et la moxibustion (méthode de soin qui comprend les traitements à l’aiguille, au moxa et à la ventouse). Vaste programme !


LA MEDECINE TRADITIONNELLE CHINOISE (MTC)

De nombreuses personnes dans les campagnes pratiquent la médecine chinoise traditionnelle, les connaissances étant transmises de génération en génération. Xiao Lin a ainsi fait venir à domicile une femme de son village, elle aussi autodidacte. Elle a d’abord analysé les symptômes présentés par Xiao Lin (son pouls mou et sa langue languissante) qui lui ont permis ensuite d’établir les causes de son mal être, et de choisir un traitement. Son système de diagnostic, telle qu’il est appliqué par la médecine traditionnelle chinoise, repose sur quatre phases :

- L'interrogatoire (importance du dialogue, donc du temps passé avec son patient)
- L'observation (de la langue)
- L'olfaction et l'audition
- La palpation (prise de pouls)

Un praticien de médecine chinoise expérimenté peut, par exemple, à travers la prise du pouls détecter certains déséquilibres. Il cherchera à comprendre l’origine de cette perturbation en examinant l'individu dans sa globalité. Ainsi la théorie de l'harmonie interne est très importante. Elle repose sur les principes du yin et du yang et des cinq éléments, et se base sur l’équilibre des influences contradictoires : un excès, qu'il soit dans l'abondance ou l'insuffisance, bouleversant le milieu interne. L'harmonie dépend aussi de la circulation du QI, l’énergie vitale, responsable du bon fonctionnement de l'ensemble des processus spirituel, psychique et physique. Il circule dans des canaux appelés méridiens qui forment un réseau reliant toutes les parties du corps et les connectant aux organes internes. Ces idées sont à la base de la philosophie mais aussi de la culture ancestrale chinoise.

Ce système thérapeutique s'appuie sur six piliers fondamentaux :

- La phytothérapie qui utilise des milliers de plantes.
- L'acupuncture et la moxibustion, qui repose sur le principe de l'intervention directe sur la circulation de l’énergie vitale, le QI qui passe par les méridiens.
- Le massage (Tui Na) qui signifie respectivement pousser - saisir et appuyer - frotter, quatre actions typiques du massage thérapeutique chinois.
- La diététique chinoise. Chaque aliment selon sa nature, sa saveur, et sa fonction a une influence bonne ou mauvaise sur l’état de santé.
- La Psychologie Chinoise qui concerne les troubles émotionnels et affectifs.
- Le QiGong qui est une pratique physique et spirituelle ancestrale.



LES VENTOUSES

Mais revenons à nos ventouses ! La technique de la ventouse est très utilisée en Chine et accompagne presque toujours les traitements par acupuncture et moxibustion (pour les soins des rhumatismes ou des contractures par exemple). Le but recherché est une expulsion des énergies négatives (le vent, le froid, l’humidité, la chaleur) qui se sont installées dans les méridiens et qui entravent la libre circulation du sang et du Qi.

Bien aiguillé sur l'acupuncture !

Notre guérisseuse utilise la combinaison d’aiguilles d'acupuncture microscopiques (fixées sur une boule) préalablement trempée dans une mixture d'armoise (Ai Ye - une herbe populaire dans l'acupuncture chinoise) et des ventouses. Par de petits coups sur la peau elle stimule certaines zones anatomiques (points d'acupuncture) et aspire les miasmes à l’aide de ventouses, ceci dans le but de tonifier, de chasser le froid, afin que le Qi et le sang puissent s’écouler de manière fluide et retrouvent leur harmonie. Ainsi, grâce à cette méthode traditionnelle, l’équilibre entre le yin et le yang de Xiao Lin est maintenu, et son corps dans son ensemble, délivré de ses impuretés, retrouve sa légèreté, son teint juvénile et tout son bien-être. Enfin… C’est le but !

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Masques de Chine

La frénésie économique de la Chine agissant comme un voile sur un passé que l'on pourrait croire révolu nous ferait presque oublier que le pays fut en son temps une grande puissance culturelle et artistique. Il est vrai que dans les campagnes peu de témoignages ou d’édifices ont survécu aux guerres et à la folie destructrice des hommes. Mais en grattant un peu sous la surface clinquante et aguicheuse de cette nouvelle Chine, des joyaux font leur apparition, et attestent d’une culture bien plus profonde. Ainsi en est-il des arts tribaux de la région, variés et pléthoriques, notamment dans le domaine des masques.

Alors que les masques d’Afrique bénéficient d’un large engouement en Europe, les masques chinois restent encore peu connus, d’autant qu’un grand nombre d’entre eux, perçus comme des objets religieux, ont été détruits pendant la Révolution Culturelle chinoise. Mais depuis les années 80, une prise de conscience s’est opérée vis-à-vis du patrimoine historique du pays, et les masques en bois anciens, autrefois ignorés ou cachés, ont refait leur apparition dans les campagnes reculées du Sud de la Chine, en particulier dans les provinces du Guizhou, du Guangxi, du Yunnan, et du Hunan.

Le masque tribal de la région est désigné sous le nom de « masque Nuo». Le terme Nuo signifie l’expulsion des démons et correspond à des cérémonies rituelles et à des rites d'exorcismes pratiqués depuis les temps néolithiques. Dans la Chine ancienne, les maladies ou les malheurs étaient attribués à la présence des démons. C’est donc au cours de grandes cérémonies populaires et de processions qu’étaient arborés les masques primitifs, représentant tout un panthéon de démons et de dieux. Ainsi affublés, les villageois dansaient et tentaient par leurs tonitruantes mascarades de repousser les forces maléfiques et d’attirer la protection des dieux.

A partir de la période Song, la cérémonie de Nuo, enrichie des apports nombreux des spiritualités taoïstes et bouddhiques, fut à l’origine de toute une tradition artistique, dont l’opéra chinois, qui en a délaissé la fonction religieuse, est l’héritier direct. Le masque tribal chinois, gagnant en complexité et en variété, est passé de l’objet utilitaire de sorcellerie à une forme d’expression artistique de l’âme humaine. Cette forme théâtrale s'est progressivement détachée du rite pour donner naissance au théâtre du Nuo qui se pratique aujourd'hui encore sous forme de spectacle de rue.

L’intérêt pour les masques chinois m’est venu grâce à Christophe Vincent. Ayant vécu à Yangshuo pendant plus de 17 ans, fasciné et totalement imprégné par la culture locale, il s’est constitué une collection de pièces uniques et d’une large variété d'objets : statuettes religieuses, masques Nuo, marionnettes, jades, antiquités…

Une partie de sa collection est exposée dans le hall de son restaurant français «Le Vôtre», une ancienne maison de mandarin rénovée dans le style traditionnel de la dynastie des Qing. Sa notoriété aidant il a fini par s’imposer dans le domaine des arts sacrés chinois. Une partie de sa collection de masques fut d'ailleurs exposée au Musée Jacquemart-André à Paris en 2007 où les masques chinois faisaient, pour la première fois, l’objet d’une exposition en France.

Plus de photos de masques antiques et d'objets chinois sur le blog : Chine éternelle.

Yangshuo regorge également de boutiques proposant une multitude d'objets ethniques et artisanaux. Plus de détails et de photos ici.

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