Santé ! Tchin Chine !, Montgolfière d'être chinois, Les Tribulations d'une famille sur les routes de la soie” /> User-agent: Googlebot allow: /

21 novembre, 2007

Santé ! Tchin Chine !

La maman de Xiao-Lin a dû être hospitalisée. Un gonflement derrière le genoux, probablement une sorte de phlébite. Rien qui ne soit difficile à soigner, mais c’est le genre de situation qui devient vite préoccupant pour une personne âgée vivant dans la campagne chinoise. Car pour une très grande partie de la population, avant même de connaître l’étendue de sa propre maladie, on se posera d’abord la question de savoir si on aura les moyens de financer ses soins et de payer ses médicaments, ceux-ci étant à la charge du patient. Les villageois aux revenus modestes n’ont donc pas d’autres choix que de puiser dans leurs bas de laine, de faire appel à la solidarité familiale, de s’endetter lourdement, ou, comme c’est trop souvent le cas, s‘abstenir de se soigner en espérant que le mal passera… ou les fera trépasser.

Tribulations d'une chinoise
La Chine sans soins

En effet depuis les années 80, au nom des réformes économiques, l’état s’est désengagé du monde rural en confiant la responsabilité financière des activités sociales, notamment la santé et l’éducation, aux gouvernements locaux. Tout le système de santé communautaire mis en place par Mao a été démantelé - à la trappe les fameux «médecins aux pieds nus » des campagnes - alors que ce système avait permis à la Chine de se sortir en quelques décennies d’une situation sanitaire catastrophique. L’espérance de vie était passée de 35 ans en 1949 à 69 ans à la fin des années 70. Mais aujourd’hui les régions pauvres ne sont plus capables de fournir à leurs habitants un minimum de service public. Le système de santé rural est sous-financé et doit trouver par lui-même ses sources de revenus. Alors qu’autrefois la part du financement public ou mutuel dans les dépenses de santé prenait tout en charge, aujourd’hui elle est tombée à 16% , contre 44% aux Etats-Unis et plus de 70% en Europe ! Résultat, pour ceux qui ne sont ni fonctionnaires, ni bénéficiaires de mutuels fournis par leurs employeurs, les soins seront payants.
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L’opération s’est bien déroulée. Depuis nous avons hérité de ma belle-mère qui reste en convalescence à la maison. Hélas, nous habitons au quatrième étage et je dois la transporter sur le dos tous les matins pour descendre (et monter) les escaliers afin d’aller faire nettoyer ses plaies à l‘hôpital et procéder à une injection d‘antibiotiques. Les injections sont la panacée de la médecine chinoise. On y a recours presque systématiquement, quelque soit la maladie, bénigne ou grave, même si cela n‘est pas toujours appropriées. Car face aux difficultés à boucler leur budget, les hôpitaux sont tenter de prescrire plus de médicaments qu'il n'est nécessaire (ceux-ci s’achètent sur place) et de proposer des examens superflus, arrondissant du même coup les revenus des médecins.
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En ce qui nous concerne nous n’avons remarqué aucun abus, quoique lors de mon passage un chirurgien se faisait gentiment soudoyer par une patiente qui lui tendait un poulet vivant et un sac de fruits frais ! Pas trop compromettant donc. Et puis, le docteur devait sans doute être quelqu’un de la famille ? Ne lisez pas ce que je n’ai pas dis !
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Bref, en Chine le système de santé est mal en point. Il ne fonctionne plus comme un service public mais est au contraire entièrement soumis aux contraintes économiques. Les hôpitaux, dépossédés des aides de l’état, doivent aujourd'hui trouver l'équilibre et facturer leurs services au prix fort. Des statistiques publiés par le ministère de la santé indiquent que « 48,9% des citoyens chinois ne voient pas le médecin s’ils sont malades, et 29,6% ne sont pas hospitalisés quand ils devraient l’être parce que les soins de santé sont trop chers.» Médecins traditionnels ou officines douteuses (moins chers) récupérant une bonne partie de ces exclus du système.

demi mesures pour la sante en Chine
Demi-mesures pour la santé en Chine ?


Fort de ce diagnostique, plutôt alarmant, le gouvernement chinois cherche des solutions. Les dépenses fiscales à la sécurité sociale ont fortement augmentées ses dernières années, mais cela reste très insuffisant, d’ailleurs dans notre entourage les gens ne se gênent pas pour critiquer les abus et les injustices auxquels ils sont confrontés. Dans les médias chinois le ministre de la santé Chen Zhu a déclaré vouloir construire un système de service de santé qui couvrira l'ensemble de la population chinoise d'ici 2010 ; "Le service médical public ne devrait pas être un fardeau pour la société mais un aspect important du développement social", a dit le ministre. On veut bien le croire. En attendant, les timides avantages accordés aux uns et aux autres ne sont guère appliquées sur le terrain ou chacun se débrouille comme il peut. Ainsi la maman de Xiao Lin en tant que personne âgée aurait dû bénéficier de certains avantages financiers, or, l’hôpital les lui a refusé sous prétexte qu’elle ne résidait pas dans la ville… Aller comprendre ! Pour se faire rembourser il faudrait qu’elle aille se faire soigner dans son village alors qu’il n’y a même pas un chirurgien ! Casse-pieds ce casse-tête !

ça dépasse les borgnes
Face à de telles situations la solidarité devient un acte vital. Il y a quelques jours la maîtresse de mathématiques des enfants s’est faite renverser par une voiture. Blessée, elle se retrouve immobilisée dans son lit d’hôpital. Alors qu’elle doit pourtant bénéficier d’une couverture sociale (?), l’école s’est mobilisée en réclamant à tous les élèves une contribution financière, même modeste, chacun étant libre de donner en fonction de ses moyens, ou de ce que lui dicterait son cœur. Le même cas s’était produit l’année dernière avec une élève elle aussi accidentée de la route. 8000 yuan (800 euro - soit l‘équivalent de 8 mois d’un salaire moyen chinois) devait être recueilli pour l’opération. Là aussi les écoliers furent mis à contribution. Une belle conclusion dans ce monde de rapaces : il y en a encore qui ont du cœur ! Et d’autres qui trinquent : Santé ! Tchin Chine !

l'effet du SARS en Chine
Chine insolite
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06 novembre, 2007

Montgolfière d'être chinois

Vol en montgolfière à Yangshuo - Sud Chine

Montgolfiere
De part le monde il y a des paysages qui s’apprécient pleinement vu du ciel et en particulier à bord d’une montgolfière. C’est le cas par exemple de la Cappadoce en Turquie et ces dizaines de ballons qui décollent tous les matins, ou même de la France avec le survol très prisés des Châteaux de la Loire et du Mont Saint Michel. En ce sens, Yangshuo, avec ses formidables paysages de montagnes karstiques, se devait de proposer une telle prestation.
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beau paysage-
L’occasion de tenter l’expérience me sera donnée grâce à la générosité de Yannick et Patrick, qui m’ont offert un vol en leur compagnie (compter 70 euro/pers ; à titre indicatif un vol en France revient entre 200 et 300 euro/pers.). Je fus tellement emballé par cette balade, que deux semaines plus tard j’encourageais à leur tour mes parents, mon oncle et leurs amis de s’envoyer en l’air. Philippe, Lin Lin et Enzo, furent également de la partie.


paysage de Chine-
Les vols en montgolfière dépendent étroitement des conditions météorologiques : vents faibles, absence de pluies, une pression atmosphérique supérieure à 1020 millibars, et une température extérieure pas trop élevée. Le seul moyen de réunir toutes ces exigences c’est de décoller tôt le matin ou en fin d'après-midi quand l'air est calme et stable. Si à Yangshuo ces conditions sont souvent réunis, en revanche l’air est constamment saturé d’humidité et une brume persistante voile ce paysage magnifique. L’ambiance mystérieuse est garantie, mais dur dur pour les photographes !

Paysage de reve-
Les aéorostiers et le personnel au sol sont tous chinois. D’emblée nous sommes frappés par leur jeune âge. Et pourtant, avec leur talkie-walkie et appareils de mesure en main, ils se sont révélés suffisamment professionnels pour nous diriger à bon port. Les accidents restent rares et en général sans grandes gravités. Le seul moment un peu casse-cou de la balade peut se produire à l’atterrissage, lorsqu’il s’agit moins de diriger que d’espérer que cette énorme masse n’ira pas finir sa course dans l’eau d’une rizière, entre les rangs serrés des vergers, ou contre l’une de ces innombrables et provocantes collines érectiles (en 2004 un mauvais atterrissage se termina par le rapatriement, sur Hong-Kong, de deux blessés graves ).
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acrobates chinois
En ce qui nous concerne, notre pilote manqua son point de chute pressenti pour aller gentiment s’écraser sur les bases d’une colline. Le balancement du ballon, arrêté dans son élan, nous projeta les uns sur les autres contre les parois de la nacelle. Personnellement j’ai eu la chance d’être amorti par les formes généreuses de deux jeunes américaines qui nous accompagnaient. J’en demandais pas tant ! Elles non plus... visiblement contrariées par la brutalité de l’atterrissage !
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cinq semelles en ballon-

Mais revenons au décollage. Les manœuvres de gonflage s’effectuent rapidement en pulsant de l’air chaud dans l’enveloppe. Puis, les passagers enjambent les parois de la nacelle, celle-ci pouvant contenir jusqu’à 6 personnes. Ce qui nous a surpris dans un premier temps - outre le bruit effrayant des brûleurs qui commençaient à faire regretter à quelques dames d’être montée dans cette galère ! - c’est la chaleur dégagée par le propane en combustion. Chacun baissait la tête de peur de perdre les derniers cheveux qui lui restait !
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La Chine surchauffe

Panier de crevettes grillées-
Dés le décollage, tout en douceur, on se sent très à l’aise. Il n’y a pas de sensation de vertige. Le panier est très stable et l’on ne ressent aucun balancement. Sachant que la montgolfière se déplace au grés du vent, il n'y a pas de courant d'air à bord de la nacelle. Le pilote contrôle uniquement l’altitude du ballon en chauffant plus ou moins l’air à l’intérieur de l’enveloppe.
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En route vers l'infini
Mais dés que les brûleurs sont éteints tout devient féerique, avec cette impression de flotter dans l’espace, de ce déplacer imperceptiblement. Et pourtant, le pilote, à la recherche de courants favorables, monte et redescend sans cesse le ballon. Parfois celui-ci est à quelques mètres du sol, il flirte avec les bosquets de bambous, frôle les orangers et les bananiers. Les buffles paniqués s‘extirpent des rizières en courant, puis le ballon se faufile nonchalamment entre les pics de quartz, pour remonter se perdre dans la brume à plus de 800 mètres d’altitude, et nous laisser tout pantois face au spectacle d’un ciel crépusculaire et nuageux percé par les dernières lueurs du jour. Sublime !

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paysage chinois-

Pendant que les deux montgolfières, empruntées par le groupe de mes parents, sillonnaient le ciel, j’accompagnais en véhicule le personnel au sol chargé de réceptionner les ballons. Pas facile de les suivre, car eux mêmes ne savaient pas trop ou le vent allait guider les montgolfières. Avec leur camionnette ils allaient et venaient sur les chemins, faisant plusieurs fois demis tour, s’arrêtant ici et là, et essayant d’anticiper l‘emplacement de l’atterrissage. Finalement, ce jour là, les flux atmosphériques furent bénéfiques et les deux ballons firent un approche quasiment au même endroit, tout en douceur, sur le tarmac encore frais de l’autoroute «Canton-Guilin» en cours de construction.
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Le plus dur sera la chute-
Nous n’avons pas eu le droit au traditionnel «toast des aérostiers» comprenant un verre de champagne, ainsi qu’un diplôme, tels qu’ils sont généralement offerts en France. Cette coutume n’est pas encore parvenu jusqu’ici. Mais qu’importe, nous étions rassasiés au-delà de nos espérances par cette magnifique promenade, découvrant pour ma part, une vision insoupçonnée de ce paysage de Chine que je croyais pourtant si familier, impressionné par son ampleur, par cette beauté diffuse, où la vie des villages se distille par petites touches parmi une profusion de pics, imperturbables, figés dans une mosaïque de rizières. Inoubliable !
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riziere de Chine


DIAPORAMA : Animation visuelle et sonore d'une balade en montgolfière plus vraie que nature. Lien de téléchargement en cliquant sur l’image ci-dessus.

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Prix du vol en montgolfière (comprend le transfert de Yangshuo) : 600 RMB (55 euro) pour 1/2 heure de vol, et 800 RMB (75 euro) pour 1 heure de vol ; prix par personne. Ceci est le tarif habituel pratiqué par les hôtels et les agences locales (parfois plus cher). Néanmoins étant sur place je peux vous obtenir des tarifs plus avantageux, me contacter

Crédit photos : 9eme et 10eme photo - Philippe.

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