Ca va chauffer !
Rappelons que la Chine est un territoire immense et qu’il existe un grand contraste climatique entre le Sud et le Nord où les températures peuvent descendre jusqu’à -40°C ! Dans ces conditions le chauffage devient vital. Pourtant, dans les immeubles collectifs du Nord de la Chine, les chaufferies ne se mettent en marche qu’à partir du 15 novembre, pour s’arrêter le 15 mars. Cette règle, qui remonte aux débuts de la République Populaire de Chine, a pour but de fournir gratuitement le chauffage central à un maximum de citoyens. L’Etat étant chargé de régler la facture.
Mais cela pose de graves problèmes en matière de facture énergétique. Pour le chauffage des logements - mal isolés - il faut ainsi deux à trois fois plus d’énergie en Chine que dans les pays développés et au climat comparable. Tous les magasins l’été laissent leurs portes grandes ouvertes avec la climatisation à fond. L’hiver les bâtiments administratifs et collectifs sont surchauffés, alors on ouvre les fenêtres... Par ailleurs, les habitants possédant des climatiseurs réversibles les font fonctionner sans répit pour assurer leur chauffage avant la date fatidique. Tout ce gaspillage pèse lourdement sur la facture énergétique chinoise. D’où la réaction du gouvernement qui tente de prendre des mesures : imposer une température maximum, privatiser la distribution du chauffage, répercuter son prix au consommateur...
Mais ici, au sud du Fleuve Jaune, nous n’avons pas le droit au chauffage collectif. Alors les habitants se débrouillent avec ce qu’ils peuvent : La plupart enfilent plusieurs couches de vêtements et de sous-vêtements. Si le froid devient plus mordant, alors ils utilisent des chauffages d’appoint électriques, la climatisation réversible, ou plus modestement, de petites chauffeuses à charbon. Le charbon restant bon marché, c’est un combustible très utilisé sur l’ensemble du territoire.
D’ailleurs, lors de notre dernière entrée en Chine, mes sens on tout de suite été mis en éveil par l’odeur de souffre si caractéristique - et à mon sens emblématique de la Chine - que ces mini-poêles diffusent par la combustion de leurs galettes de charbon. Ces rondelles, qui servent aussi beaucoup en cuisine, sont percées de trous pour laisser passer l'air. Leur fabrication s’effectue à l’aide d’une étonnante machinerie ; une sorte d’encarteuse-pileuse. On y enfourne par pelletées de la poudre de charbon, puis les galettes sortent une à une sur un tapis roulant. Elles sont ensuite chargées par piles sur la plate-forme d’un tricycle, d’une charrette ou d’un tracteur à trois roues, puis acheminées dans la ville.
Mais dans notre appartement, non chauffé, impossible d’utiliser le charbon ! Le niveau de confort général y est comparable à un appartement français (eau courante, électricité...). En revanche, il y a une grosse insuffisance au niveau de l’isolation. Les fenêtres coulissantes en aluminium ne comportent ni double vitrage, ni joint d’étanchéité. Bien que la température intérieure tourne actuellement autour de 13°C, l’impression de froid, accentuée par l’humidité, y est tenace et particulièrement désagréable. Mes membres s’engourdissent, des rhumatismes apparaissent... Et comme mon jeune âge ne peut pas en être la cause, il va falloir chauffer !
Libellés : charbon, chauffage, isolation, pollution
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