Ca va chauffer !, Maison de Chine (suite), Maison de Chine, Les Tribulations d'une famille sur les routes de la soie” /> User-agent: Googlebot allow: /

30 novembre, 2006

Ca va chauffer !

Les premiers froids sont arrivés ! Yangshuo a beau se situer dans une zone sub-tropicale, les hivers n’en sont pas moins frais (frôlant presque le 0°C). Le changement de température s’est fait de manière radicale puisque le 15 novembre elle avoisinait les 25°C pour tomber en quelques jours - avec la pluie - sous les 12°C ! Une telle température pourrait être facilement supportable, à ceci près que dans cette région les logements ne sont pas isolés et ne disposent quasiment pas de système de chauffage.
-
Rappelons que la Chine est un territoire immense et qu’il existe un grand contraste climatique entre le Sud et le Nord où les températures peuvent descendre jusqu’à -40°C ! Dans ces conditions le chauffage devient vital. Pourtant, dans les immeubles collectifs du Nord de la Chine, les chaufferies ne se mettent en marche qu’à partir du 15 novembre, pour s’arrêter le 15 mars. Cette règle, qui remonte aux débuts de la République Populaire de Chine, a pour but de fournir gratuitement le chauffage central à un maximum de citoyens. L’Etat étant chargé de régler la facture.
-
Mais cela pose de graves problèmes en matière de facture énergétique. Pour le chauffage des logements - mal isolés - il faut ainsi deux à trois fois plus d’énergie en Chine que dans les pays développés et au climat comparable. Tous les magasins l’été laissent leurs portes grandes ouvertes avec la climatisation à fond. L’hiver les bâtiments administratifs et collectifs sont surchauffés, alors on ouvre les fenêtres... Par ailleurs, les habitants possédant des climatiseurs réversibles les font fonctionner sans répit pour assurer leur chauffage avant la date fatidique. Tout ce gaspillage pèse lourdement sur la facture énergétique chinoise. D’où la réaction du gouvernement qui tente de prendre des mesures : imposer une température maximum, privatiser la distribution du chauffage, répercuter son prix au consommateur...
-
Mais ici, au sud du Fleuve Jaune, nous n’avons pas le droit au chauffage collectif. Alors les habitants se débrouillent avec ce qu’ils peuvent : La plupart enfilent plusieurs couches de vêtements et de sous-vêtements. Si le froid devient plus mordant, alors ils utilisent des chauffages d’appoint électriques, la climatisation réversible, ou plus modestement, de petites chauffeuses à charbon. Le charbon restant bon marché, c’est un combustible très utilisé sur l’ensemble du territoire.
-
-----------------------------
-
(Le pays tire environ 70% de son électricité du charbon et de ses centaines de centrales électriques qui fonctionnent encore à l’aide de technologies obsolètes. La production de charbon en Chine a plus que doublé depuis 1990. Ainsi, l'année dernière, pour répondre à l’énorme demande énergétique, 117 nouvelles centrales fonctionnant au charbon ont été construites ! Les conséquences sur l’environnement sont dramatiques. La pollution est principalement concentrée autour des bassins houillers du Nord et dans les grandes villes ; cinq villes chinoises figurant désormais parmi les dix plus polluées au monde).
-
-----------------------------
-
D’ailleurs, lors de notre dernière entrée en Chine, mes sens on tout de suite été mis en éveil par l’odeur de souffre si caractéristique - et à mon sens emblématique de la Chine - que ces mini-poêles diffusent par la combustion de leurs galettes de charbon. Ces rondelles, qui servent aussi beaucoup en cuisine, sont percées de trous pour laisser passer l'air. Leur fabrication s’effectue à l’aide d’une étonnante machinerie ; une sorte d’encarteuse-pileuse. On y enfourne par pelletées de la poudre de charbon, puis les galettes sortent une à une sur un tapis roulant. Elles sont ensuite chargées par piles sur la plate-forme d’un tricycle, d’une charrette ou d’un tracteur à trois roues, puis acheminées dans la ville.
-
-----
-
Mais dans notre appartement, non chauffé, impossible d’utiliser le charbon ! Le niveau de confort général y est comparable à un appartement français (eau courante, électricité...). En revanche, il y a une grosse insuffisance au niveau de l’isolation. Les fenêtres coulissantes en aluminium ne comportent ni double vitrage, ni joint d’étanchéité. Bien que la température intérieure tourne actuellement autour de 13°C, l’impression de froid, accentuée par l’humidité, y est tenace et particulièrement désagréable. Mes membres s’engourdissent, des rhumatismes apparaissent... Et comme mon jeune âge ne peut pas en être la cause, il va falloir chauffer !
-

Libellés : , , ,

----------

Autres liens :

23 novembre, 2006

Maison de Chine (suite)

Magouilleland !
-
A vrai dire, dans le contexte actuel du marché immobilier en Chine, nous sommes un peu perdus, dans l’expectative : moi n’ayant aucune maîtrise de la langue chinoise, Xiao Lin mal à l’aise avec les ambiguïtés et les subtilités de la législation en vigueur. Nous nous sommes avancés à grands pas dans l’achat d’une maison sans très bien savoir où nous posions les pieds. C’est donc par petites touches que les choses nous sont dévoilées, chacune entraînant son flot de complications :
-
- La situation peu claire de la propriétaire : C’est une femme de 50 ans, professeur de mathématiques, veuve depuis peu. Les papiers ne sont pas encore à son nom. Elle a trois enfants (dont deux sont issus d’un premier mariage de son mari). Alors, à qui appartient la maison ?
-
- Les plans de la maison indiqués sur le contrat de propriété ne correspondent pas à la réalité ! Les propriétaires ont en effet effectué des travaux, rajoutant une surface habitable d’une vingtaine de mètres carrés au sol (sur 5 niveaux) sans avoir obtenu une autorisation préalable et sans l'avoir déclaré (mais comme nous allons l’apprendre c’est une pratique extrêmement courante ici !) La maison est donc vendue (avec le consentement de l’agence !) sans que cette surface supplémentaire soit mentionnée. Nous avons donc deux possibilités : Prendre la maison telle qu’elle est définie dans le contrat de propriété en espérant ne pas être contrôlé, ou alors déclarer la surface réelle, impliquant une augmentation de l'ordre de 4 000 euros pour les frais d’actes, de taxes et d’amendes !
-
- La propriété du terrain n’appartient pas directement au gouvernement. Le droit d’usage a été concédé à un organisme tiers (une émanation du ministère du Territoire et des Ressources naturelles ?) gérant certains terrains anciennement privés ou à usages agricoles. De fait, le statut du terrain ne nous apparaît pas très clair ! Quoi qu’il en soit nous devons débourser une taxe complémentaire. Le montant de cette taxe - variable selon nos interlocuteurs - se situe entre 8000 et 10 000 euros.
-
- A cela s’ajoutent les taxes habituelles d’une cession de propriété, cadastre, etc. évaluée à environ 17% du montant total de l’achat.
-
Au bout du compte les différentes taxes ou assimilées sortent une à une du chapeau magique, sans savoir si cela prendra fin un jour ! De plus, pour chacune de ces taxes le montant semble aléatoire, comme si elles étaient surjettes à négociations. A nous de nous débrouiller avec ça.
-
Or, vous vous en doutez bien, cette situation ne nous convient guère. Nous n’avons presque aucun pouvoir de négociation ou d’influence. Car en fait c’est là où tout se joue, que l’on touche au point sensible, à la clef de voûte d’une bonne opération à la chinoise : faire intervenir ses " guanxis ".
-
Le Guanxi
-
C’est un terme chinois qui désigne l’ensemble des relations personnelles d’un individu : famille, amis, collègues de travail, clients, etc. sans lesquelles rien n'est possible en Chine. Ses relations assurent une emprise sur l’environnement social et une protection contre lui et permet de naviguer dans les méandres d'un système administratif qui peut se révéler particulièrement complexe.
-
Le guanxi procède d’échanges de " bons procédés " entre les personnes. Un système de relation où la face tient un rôle prépondérant. Car l’obligation de " ne pas faire perdre la face " à son guanxi, mais au contraire lui donner de la face, c’est le valoriser aux yeux de son groupe, le contraindre à bien se conduire et l’obliger à rendre la pareille dès que l’occasion se présente. La face détermine la véritable valeur des échanges créant et nourrissant le guanxi.
-
Le rôle du guanxi (le " piston " dirait-on en français) est donc extrêmement important. Il permet à l’individu de trouver un appui, une monnaie d’échange, dans toutes les circonstances de la vie, aussi bien au sein de la cellule familiale (voir "les petites enveloppes rouges") que dans un système économique et commercial. C’est un avantage puissant qui compense le manque ou le flou des législations. Sans le guanxi il est quasiment impossible en Chine d’agir ou de communiquer.
-
Or, handicapés par la longue absence de Xiao Lin du territoire (la qualité d’un guanxi s’entretient sur la durée), nos " guanxis " chinois se comptent sur les doigts d’une main. Le réseau de relations de Xiao Lin - une amie, un oncle éloigné employé dans l’administration des taxes foncières - nous permettent néanmoins de nous mettre au parfum, et de revoir la vente sur des bases plus saines.
-
Consensus

-
Finalement, après six semaines de négociations - ce fut long à mettre en place, car le consensus est le produit patient de toutes les meilleures idées, dans un esprit d'équilibre, chacun faisant intervenir dans la balance ses guanxis respectifs comme on pourrait sortir ses atouts d’un jeu de cartes - nous arrivons à un compromis et à établir un contrat de vente. Assez particulier en vérité ; Xiao Lin ne voulant pas prendre de risque et doutant de ses capacités à pouvoir négocier le montant des taxes auprès des autorités locales, laisse le champ libre à la vendeuse qui se chargera de toutes les formalités administratives. A charge pour elle de tout mettre au clair selon les termes de notre contrat, pour une somme fixe de 60 000 euro tous frais compris (maison, amendes et taxes). Advienne que pourra... Inch Bouddha !
-
Le déménagement est prévu pour la mi-janvier.
-
Voir aussi : Photos de la ville de Yangshuo vu d'un pic ; Photos de la campagne et des villages vu du ciel (en montgolfière) ou en diaporama.

Libellés : , , , ,

----------

Autres liens :

15 novembre, 2006

Maison de Chine

Maison ethnique de Chine

Toujours dans l’idée de posséder un pied-à-terre en Chine, et après avoir écarté la possibilité d’acheter un terrain en campagne, ou de trouver une maison chinoise typique telle que l'on peut en voir dans les régions des minorités Dong et Miao nous avons concentré nos recherches sur la ville de Yangshuo.
-
Yangshuo est une petite ville où l’information en réseau circule facilement. Le bouche à oreille nous a donc permis dans un premier temps de visiter quelques maisons et appartements sans passer par un intermédiaire. D’ailleurs nous ne savions même pas qu’il pouvait exister des agences immobilières. La transaction de propriété en Chine est une activité florissante certes, mais récente. Cependant par cette méthode nous avons vite fait le tour des quelques biens reconnus sur le marché. Les résultats de nos recherches ne furent guère concluants : les maisons se révélèrent peu attrayantes et à des prix relativement élevés si l’on considère le niveau de vie chinois.
-
appartement Chine----construction chinoise
-
D’une manière générale les ressources de terre en Chine sont rares et sa population énorme. Ainsi le problème entre le boom démographique des villes et l’insuffisance de terrains est flagrant, entraînant une flambée généralisée des prix. Durant le troisième trimestre de cette année, selon les statistiques chinoises, les prix des logements auraient enregistré un taux de croissance de 5,5% dans les 70 villes grandes et moyennes de Chine. Dans certaines villes chinoises ceux-ci ont doublé ces dernières années, déplaçant encore plus loin la possibilité d'accession à la propriété de logements des citoyens locaux. Résultat : Le marché de l'immobilier est pratiquement chasse gardée des investisseurs et spéculateurs.
-
----------------------------- maison de Chine
-
Yangshuo est atteint de la même frénésie spéculative, laquelle est d’autant plus forte qu’elle est favorisée par l’effervescence qui règne autour de l’industrie touristique. Ces derniers temps beaucoup d’habitations ont été rachetées pour construire des hôtels et des commerces. Difficile maintenant pour les habitants de trouver un logement à un prix raisonnable.
-
En fait, nous avons fini par trouver une agence immobilière. (Il était logique qu’autour de ce commerce se greffe une telle activité.) C’est donc sur de nouvelles bases et avec l’aide de l’agence que Xiao Lin poursuit ses recherches. Le rôle de l’agence semble se limiter à un simple intermédiaire entre le vendeur et l’acheteur. Elle affiche les biens (sans photos), qu’elle accompagne d’un descriptif, de son prix hors taxes, puis se charge des visites. Pour cela l’agence se réserve 2% sur le prix de vente du bien ; 1% à la charge de vendeur, 1% à la charge de l’acheteur.
-
Mais dès que l’on parle immobilier en Chine, les choses peuvent devenir beaucoup plus compliquées. D’abord, il est impératif de connaître le statut de l’immeuble et du terrain (s’il est loué ou concédé). Les problèmes se sont considérablement accrus au cours des dernières années. Les abus consistent à donner aux acheteurs une description faussée du profil des terrains et de ses droits. Or les terrains agricoles, qui sont sensés être protégés, sont de plus en plus accaparés par les villes qui prennent de l’ampleur. Les nombreux gouvernements locaux ne se gênent donc pas pour délivrer de faux certificats, empochant au passage des sommes substantielles.
-
Face à cette situation le gouvernement central a intensifié ses investigations sur la corruption dans les secteurs de l’immobilier, tout en cherchant à freiner la spéculation et à endiguer la hausse des prix. Des mesures restrictives ont ainsi été prises portant sur l’acquisition des terrains et sur les impôts. Les frais et les taxes liés aux ventes de terrains ont fortement augmenté, doublant les compensations aux propriétaires. A Shanghai, par exemple, on ne peut revendre un logement sans avoir préalablement remboursé le prêt bancaire qui a permis de l'acheter. Ou ici, obligation d’attendre 5 ans avant de pouvoir revendre son appartement.
-
C’est donc dans cet univers de fièvre spéculative, d’Eldorado anarchique, d’embrouilles nébuleuses et de taxations coercitives que Xiao-Lin farfouille à la recherche de son petit nid douillet !
-
Enfin, après plusieurs semaines d’investigations, nous sommes tombés d’accord sur l’achat d’une maison. Celle-ci est située un peu en retrait de la ville de Yangshuo, dans un alignement de maisons adossées contre une de ces collines escarpées si typiques de la région. Ses cinq niveaux ont été aménagés en différents appartements avec cuisine et sanitaires (actuellement loués). Son prix de 45 000 euros hors taxes se révèle plus que raisonnable pour les 450m² habitables. Alors nous avons signé un compromis de vente et versé un acompte. Ce fut le début de nos déboires...
-
----------------------------- maisons sous la colline

A suivre... (le guanxi, les petites enveloppes rouges ...).


Voir aussi : Photos de la ville de Yangshuo vu d'un pic ;
Photos de la campagne et des villages vu du ciel (en montgolfière) ou en diaporama.
-

Libellés : , ,

----------

Autres liens :