Feilipu, un artiste français en Chine, Expropriation, Un gars en Chine, Les fêtes du mois d'octobre, Les Tribulations d'une famille sur les routes de la soie” /> User-agent: Googlebot allow: /

31 octobre, 2006

Feilipu, un artiste français en Chine

Comme vous le savez, Philippe réside à Yangshuo depuis plus de 5 ans. C’est ici qu’il a rencontré sa future épouse Lin Lin et que de leur union est né un petit garçon nommé Enzo (qui a maintenant 3 ans).

Après avoir occupé diverses activités, Philippe et Lin Lin ont ouvert une boutique de bibelots fantaisie et ethniques dans la partie commerçante de la ville. Les produits qu’ils proposaient, à la fois exotiques ou originaux, leur ont permis de se démarquer et de toucher une vaste clientèle aussi bien auprès des locaux qu’auprès des nombreux touristes de passage. Hélas, comme c’est souvent le cas en Chine, la concurrence, devenue de plus en plus féroce leur a vite emboîté le pas en proposant des objets similaires. Alors, un peu las de s’acharner et de s’épuiser sur un terrain miné, ils ont décidé il y a quelques mois de fermer boutique et de se consacrer chacun à leur manière à leur véritable passion.

Lin Lin, qui a une formation de guide touristique, propose à nouveau ses services sur Yangshuo (voir son blog : http://yangshuotravel-linlin.blogspot.com/ Une version française est prévue).
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Quant à Philippe il reprend du service en tant qu’artiste indépendant. Il travaille actuellement sur une maquette, réplique exacte d’un ancien temple mandarin du 18ème siècle situé dans le centre historique de Yangshuo. Le temple abrite aujourd’hui le Hong Fu Palace hôtel et le restaurant Le Vôtre, dirigé par deux frères français Christophe et Luc Vincent.
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Le bâtiment, longtemps délaissé, a été remis en valeur grâce à l’enthousiasme et à l’acharnement des deux frères qui l’ont admirablement rénové dans le style traditionnel de la dynastie des Qing. Christophe - et c’est suffisamment rare pour être souligné - réside en Chine depuis plus de 13 ans. C’est un amoureux du pays et de sa culture. Il est dans ce domaine un amateur très éclairé, pour ne pas dire un spécialiste confirmé. Voici une première maquette que Philippe a réalisée de l’hôtel :
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Mais Philippe est avant tout un artiste polyvalent. Ses créations couvrent aussi bien le domaine du dessin humoristique, de l’illustration, figurines, maquettes, volumes, enseignes, fresques...
Voici quelques exemples de ses réalisations.
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Illustrations :
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Dessins :
Exemples tirés du récit de voyage dans l'Himalaya d'Olivier Soudieux : Le chemin des cimes.
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Figurines,maquettes... :
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Philippe est autant exigeant avec lui-même que sur la qualité de son travail. Il est à la fois minutieux et imaginatif. N’hésitez pas à le contacter si vous avez un projet. Aujourd’hui, grâce à Internet il est facile de travailler à distance. Voici ses coordonnées : feilipu25@hotmail.com
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23 octobre, 2006

Expropriation

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Souvent lors de nos balades du week-end nous passons dans le hameau où les parents de Xiao-Lin et quelques-uns de ses frères (Xiao Lin a 6 frères et 3 sœurs) résident encore. C’est l’occasion de nous ressourcer dans la campagne, de prendre un bon bol d’air pur et de se fondre dans les superbes paysages qui bordent la rivière. Sans vouloir tomber dans l’exagération c’est vraiment l’un des plus beaux endroits du monde qu’il m’ait été donné de voir. Mais c’est aussi pour Xiao Lin l’occasion de passer du temps en famille et de palabrer de choses et d’autres. Or le dernier des potins est pour le moins fracassant...
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L’un de ses frères nous a annoncé sans broncher qu’il avait aperçu il y a quelques jours des géomètres effectuer des relevés sur leur terrain. Ce qui n’était alors qu’une vague rumeur semble donc se confirmer. Un gros investisseur sud-coréen vient de se payer une bonne tranche du petit village afin probablement d’y aménager un complexe touristique. Une route remplacera le chemin de terre qui menait jusqu’à présent au village. Elle contournera la plupart des habitations, mais n’épargnera pas la maison familiale de Xiao-Lin et l’ensemble de leurs cultures ; potagers, rizières et vergers. Les parents de Xiao-Lin et sa famille devront donc trouver ailleurs où vivre, ailleurs où travailler, ailleurs où se loger !
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En ce qui me concerne la nouvelle me fait comme l’effet d’une bombe. Quitter cet endroit où l’on vit depuis plusieurs générations pour le laisser entre les mains d’un entrepreneur à la recherche de profits faciles, ça me serre le coeur. Mais comme je l’ai souligné plus haut, son frère, comme le reste de la famille, ont plutôt l’air de se réjouir d’une telle perspective. Dans leur esprit cela représente une manne inespérée, l’assurance de ramasser le pactole tant rêvé. Et pourtant ils ne savent encore rien des véritables intentions du promoteur coréen, à savoir quel terrain va être exproprié et dans quelle mesure les villageois seront dédommagés. Vont-ils être suffisamment exigeants et réclamer un juste prix pour leurs lopins de terre ? Seront-ils relogés ?
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Il est vrai que dans certains cas les opérations d’expropriation peuvent tourner à l’avantage des citoyens (beaucoup de Pékinois ont quitté leurs vieux quartiers - typiques certes, mais insalubres - pour des logements plus modernes). Hélas, j’ai aussi entendu le cas opposé de paysans spoliés de leurs plus belles terres et indemnisés au rabais. Et puis, même s’ils sont dédommagés, comment ensuite s’installer ailleurs alors que partout en Chine les prix des terrains et de l’immobilier flambent. Dans certaines villes chinoises, ces dernières années, le prix des habitations a doublé, déplaçant encore plus loin la possibilité d'accession à la propriété des locaux.
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Par ailleurs ces dix dernières années la Chine a perdu 8 millions d'hectares de terres cultivées à cause de l'urbanisation, passant de 130 millions d'hectares en 1996 à 122 millions d'hectares en 2005. Les ressources de terre en Chine devenant rares et sa population énorme, le gouvernement adopte une position plus ferme à l’encontre des investisseurs étrangers qui veulent s’approprier du terrain dans un but purement spéculatif. Alors comment ces investisseurs d’outre-mer arrivent-ils encore à se saisir d’un emplacement de cette valeur ? Les autorités locales se sont-elles laissé séduire par les charmes du Sud-coréen, ou s’agit-il d’autre chose ?
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Affaire à suivre....
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14 octobre, 2006

Un gars en Chine

Mais qu’est-ce qui fait ce gars-là ?

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7 h 00 du matin, petit déjeuner avec les enfants tout en prêtant une oreille distraite aux informations de France-Inter captées grâce à la magie d’Internet. Difficulté de s’intéresser aux préoccupations franco-françaises du moment : le choix des différents candidats pour de prochaines élections. Le but semble être de distiller à longueur d’antenne rumeurs et diffamations contre son adversaire (on dit qu’un message négatif est cinq fois plus efficace qu’un message positif). Cela participe-t-il au débat démocratique ? Choisir celui que l’on ne va pas choisir, vaste programme ! La liberté d’expression qui annihile tous messages et qui place tout le monde dans le même sac ; un serpent qui se mord la queue, je ne comprends pas ! Enfin, s’il me venait l’envie de revoir leur visage je pourrais toujours m’inoculer, par intra-web, les informations télévisés. J’apprécierais autant un bon camembert !
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Serge est branché
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En ce sens, Internet est pratique et rassurant, si ce n’était aussi un redoutable faucheur de temps ; j’ai l’impression d’avoir accès à toutes les informations imaginables : la une des journaux, les programmes des radios, des forums de discussions, des blogs... mais une journée entière n’y suffirait pas à parcourir les titres. Cela n’en reste pas moins un formidable moyen d’information et d’échange. Notre web-cam nous permet par exemple de temps à autre et par le biais de MSN de joindre mes parents. Par écran interposé ils peuvent ainsi dialoguer avec leurs petits-enfants et éprouver un plaisir presque réel de les voir " de visu ". Certes on peut déceler une certaine amertume, que ce n’est pas suffisant, que leurs petits-enfants grandissent trop vite, qu’ils sont encore trop loin... L’image et le son, ce n’est pas tout dans la vie.
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Pour me connecter à Internet en Chine, rien de plus facile. Branché sur le réseau large bande (sans abonnement téléphonique) je paie mon abonnement haut débit illimité 7,5 euro par mois. De plus en plus de Chinois y ont accès, sinon chez eux, au moins dans les cybercafés. Ainsi le nombre de connectés au réseau dépasse désormais les 123 millions, soit 20 % d'utilisateurs en plus par rapport à l'an dernier, ce qui fait de la Chine le deuxième pays au monde en nombre de connectés (le taux de pénétration dans la population frôle les 9%). Les Etats-Unis restent loin devant avec près de 204 millions d'internautes. La France comptait environ 27 millions d'internautes fin décembre 2005. Jusqu’à peu de temps l’anglais était la langue dominante sur Internet, mais il compte aujourd’hui pour moins d’un tiers des sites, le chinois et d’autres langues s’étant imposés.
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On parle souvent de sites bloqués par la censure et la police du web (30 000 d’entre eux seraient employés à traquer les internautes malveillants). Pour ma part je ne la ressens pas trop dans la mesure où j’utilise la langue française et que je peux ainsi avec les moteurs de recherche tels que Google ou Yahoo, avoir accès à un flot important d’informations diverses (pro ou anti chinoise). Cependant certains sites jugés sensibles où n’ayant pas conclu d’accord avec le gouvernement chinois restent inaccessibles (c’est le cas par exemple de l’encyclopédie en ligne Wiképédia* ; peut-être plus pour des raisons économiques (il existe une encyclopédie en ligne chinoise). De toute manière le flot d’informations est si important, comment serait-il possible de traquer le contenu de chaque message envoyé, par exemple sur un blog, ou dans les messageries instantanées ? A mon sens, compte tenu de l’évolution du nombre de personnes connectées, la bataille de la censure est perdue d’avance. En espérant que cette petite phrase ne bloque pas l’accès à mon blog !
*Dernière minute : au temps pour moi, Wikipédia serait à nouveau accessible aux internautes chinois. Il y aurait en langue chinoises plus de 270 000 articles, dont certains sont sujets à contreverse, voire filtrés. Plus d'infos sur le lien :
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Le salaire de Serge
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8 h 30, après avoir conduit les enfants à l’école en scooter électrique dans un doux silence ponctué de klaxons névrotiques, je me plonge sur ma messagerie internet, défrichant ici et là les réclames douteuses "Viagra for free, Rolex, Samantha want you, SNCF infos..." ne conservant que les messages de la famille, des amis et de mes admirateurs. Bon, je dois avouer que la plupart du temps il ne reste pas grand-chose. Suffisamment néanmoins pour y consacrer quelques minutes par jour. Questions de ce dernier mois : Serge, j’ai 17 ans, je voudrais faire le tour d’Europe en scooter, et je souhaite avoir quelques conseils ; Serge, nous sommes un groupe, nous voudrions visiter la Chine, quel endroit me conseilles-tu en priorité ? ; Serge, je suis un dessinateur de bande dessinée et je voudrais publier mon premier roman en auto-édition, comment faut-il s’y prendre ? ; Serge, je suis résident en Chine, je possède un véhicule immatriculé dans le pays et je voudrais retourner avec en France, est-ce possible ? Serge, peux-tu me donner des informations techniques sur le scooter de ton frère ?... A cela s’ajoutent les questions d’usages sur mon emploi du temps et sur nos moyens de subsistance :

Question : Serge, peux-tu nous dire en quoi consiste ton activité en Chine, et comment vis-tu actuellement ?
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Réponse : Nous possédons un appartement sur le Mans que nous louons et qui nous laisse après les charges et différentes retenues environs 300 euros. S’ajoute à cela une somme variable que je continue à percevoir sur la vente de mes livres, lorsque mon éditeur - fort sympathique au demeurant - veut bien me reverser mes droits d’auteurs. Pas de couverture sociale. Pas de retraite.
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Question non formulée : J’imagine que cela doit être difficile avec une telle somme de joindre les deux bouts, même en Chine ?
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Réponse formulée : Il faut comparer cette somme avec le salaire moyen d’un ouvrier ou d’un employé chinois qui se situe entre 800 et 1200 Yuans (80 à 120 euros), voire plus dans les villes comme Shenzhen, Pékin et Shanghai - Le salaire minimal imposé est de 60 euros en 2006 ; les prestations sociales et les aides aux logements sont théoriquement obligatoires au même titre que les fonds de pension et les indemnités de chômage. De façon générale ces prestations atteignent entre 30% et 60% du salaire. Cependant, hormis les entreprises étatiques et les multinationales, qui doivent suivre les directives, dans quelle mesure ces lois sont-elles appliquées ailleurs ? A noter aussi que plus de 63 millions de Chinois, selon le gouvernement chinois, soit quasiment 5% des 1,3 milliard d'habitants, survivent avec moins d'un millier de yuans par an. Cependant le niveau de vie en Chine n’est pas aussi bas qu’on pourrait le penser, en grande partie parce que les loyers et les produits de première nécessité sont très bon marché (compter 10% du prix français). Par contre dès que l'on s’oriente vers des produits plus haut de gamme ou high tech (cosmétiques, ordinateurs, voitures, immobilier...) on se rapproche presque des prix pratiqués en Europe (avec la croissance du marché intérieur on observe toutefois une tendance des prix à la baisse pour les produits manufacturés. Par exemple dans l’industrie automobile, en pleine expansion, on propose des voitures autour de 5000 euro).
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Questions mécaniques : Que devient l’AX ? Est-ce que tu roules toujours avec ?
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Réponse de l’expert auto : " Cette légère et astucieuse AX est, avec un certain recul, révolutionnaire. Bien qu'elle n'ait pas une allure de top modèle, la Citroën AX a su trouver la voie du succès. Lancée en 1986, la Citroën AX fête ses 20 ans. Par sa vocation ultra-économique conjuguée à des aspects pratiques remarquablement pensés pour l'époque, la petite AX aurait pu s'affirmer comme la digne descendante de la mythique 2 CV… Il ne lui manquait finalement qu'une bouille plus rigolote pour s'adjuger une cote d'amour propre à légitimer son héritage. Mais l'AX ne voulait pas amuser, (non non) elle reposait sur une conception des plus rationnelles, avec une ligne coupée au couteau et surtout, étudiée en soufflerie, afin de traquer la moindre prise d'air qui aurait fait grimper la consommation. A l’épreuve de la route, la petite AX convainc par son agilité, mais aussi par un comportement très probant pour une citadine de l'époque, lui permettant de se muer, à l'occasion, en petite routière le temps d'un week-end (!). En ville, son gabarit contenu s'allie à la nervosité de ses moteurs et sa vivacité de châssis pour la rendre à l'aise et lui permettre de se faufiler dans le moindre trou de muraille. l'AX reste une voiture légère et très vive. Plutôt fiable, elle rend de fiers services (à qui le dites-vous !) pour un budget minimal. Elle reste suffisamment spacieuse et pratique à l'usage, en même temps qu'elle est agréable à conduire et permet d'envisager la route (jusqu’en Chine !)". Alors oui la " petite routière " se porte bien, 204 000 km au compteur, avec encore suffisamment de répondant pour envisager d’autres petites balades... le temps d’un week-end prolongé...
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Question sur les enfants : Est-ce que les enfants s’habituent à leur école et à la vie en Chine ?
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Réponse : Les enfants s'adaptent à leur rythme. Lino s’est rendu compte que certains de ses camarades possédaient des cartes Yu Gi Ho. Or c’est un grand fan. Il avait laissé les siennes en France. Alors je lui en ai trouvé de nouvelles en chinois. De quoi créer un lien.
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Serge se livre
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9 h 15. Il est temps pour moi d’en venir aux choses sérieuses et de commencer l’écriture de mon prochain récit de voyage. Je mâchouille beaucoup mon Bic mais en fait j’écris peu. Je retrouve plutôt les joies de la lecture. Je n’avais emporté que deux livres avec moi (Bruce Chatwin, Ella Maillart). Puis je me suis rué sur quelques ouvrages glanés dans la bibliothèque de Philippe : William Boyd, Aamin Maalouf, François Bizot, thrillers... mais le stock s’épuise comme neige au soleil. Et puis à trop lire les autres cela me désespère. Impossible de mon côté d’aligner une ligne convenable. Ou alors il faut que je pompe. C’est toujours mieux ailleurs. Je ne sais pas s’il s’agit plus d’incompétence (c’est certain que je ne suis pas un écrivain) ou de fainéantise de ma part. Vivre d’une petite rente dans un coin tranquille de la Chine ça n’a rien de stimulant. Si j’étais confronté à la nécessité de gagner plus durement ma vie cela pourrait sans doute générer en moi une vigueur et des ressources d’énergie insoupçonnés. Je laisse tomber l’écriture.
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10 h 00 : Je me rabats donc sur mon diaporama. Moins de deux minutes réalisées en un mois. Je progresse. Et je m’embourbe. Des heures sur le net à chercher la musique appropriée. L’Orient et son univers musical. A me documenter sur la descendance de Gengis Kahn ; Les centrales nucléaires en Iran ; les projets de construction de voie d’acheminement du pétrole et du gaz en Asie... Un tas d’informations qui au bout du compte n’apparaîtront jamais dans la version finale ! Mais je continue à me documenter. Ca me plaît.
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12 h 00 : Je sens un fumet dans la cuisine. Ou alors je ne sens rien. Tout dépend si Xiao Lin est dans l’appartement ou à vadrouiller par monts et par rizières (voir paragraphe suivant pour l’explication de cette énigmatique et quasi quotidienne disparition). Auquel cas mon estomac gargouille et réclame son du. Je descends alors dans la rue à la gargote du coin avaler une soupe de nouilles que j’estime comme étant suffisamment consistante et appétissante. Puis, le nez coulant et les lèvres légèrement rougies par les épices, je peux remonter les quatre étages de notre immeuble et entamer quelque saine lecture. La matinée a été dure.
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Xiao Lin cherche

12 h 40 : Xiao Lin est de retour. J’écoute avec attention son compte rendu de la matinée. Oui. Non. T’es sûr ! C’est pas vrai... !
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Telle une Maco-Paulette chinoise de retour au pays après dix ans d’absence et de pérégrinations, Xiao Lin goûte à présent et par ricochets aux joies de la sédentarisation. Se sentir en sécurité parmi les siens dans son univers. Il ne lui reste plus qu’à trouver un port d’attache, une base, une possession pour se sentir - tels nos lointains ancêtres de retour dans leur grotte après une longue saison de chasse - en sécurité. Soit.
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Notre première intention fut de partir à la recherche d’un petit coin de paradis - rien que ça ! - nous focalisant sur la campagne et ses superbes paysages. Mais cela s’est vite révélé difficile : les sites de choix (par exemple au bord de la rivière) sont la chasse gardée des grands investisseurs, mais plus problématique encore, c’est que la propriété privée du sol en Chine n'existe pas. Le système foncier chinois repose sur les droits d’usages concédés (70 ans pour un particulier). Ainsi deux régimes de propriété publique du sol coexistent : le régime de la propriété d’Etat et celui de la propriété collective. Le premier est principalement applicable aux terrains en zone urbaine (ou tous ceux déclarés comme étant soumis au régime de la propriété étatique). Le second s’applique essentiellement aux terrains agricoles situés en zone rurale. Or les terrains ruraux sont réservés à l’agriculture et pour passer d’un régime à un autre cela tient de la Longue Marche (Statut qui peut, bien sûr, être contourné moyennant finances et relations bien placées).
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Bref, on abandonne peu à peu l'idée. Dommage, on avait trouvé un bel endroit très calme à 7 km de Yangshuo, un terrain de plus d'un hectare, à demi en friche, parsemé de rochers et d’arbres fruitiers, et agrémenté d’un étang. Les villageois étaient tout près de nous vendre leur part autour de 2 euros le m². Mais dès nos premières démarches auprès des autorités locales on mesura vite l’étendue des difficultés. Et puis inviter des responsables locaux à des beuveries ça ne m’enchantait pas trop.
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Alors maintenant Xiao Lin recherche plutôt une maison ou un appartement sur Yangshuo, plus facile à négocier, mais aussi beaucoup moins bon marché (une maison de 4 ou 5 étages (par manque de terrain tout est construit en hauteur), coûte entre 50 000 et 60 000 euros, en général en enfilade à l’architecture assez banale, avec possibilité de louer plusieurs étages - les loyers sont toutefois très bas, donc la rentabilité immédiate moindre). A réfléchir pour un investissement sur la durée. Peut-on emprunter en Chine ? Y a-t-il des risques que la situation politique du pays dégénère ? Ou au contraire que son ouverture au monde et l’euphorie économique l’emporte sur le reste ? Ca occupe l’esprit.
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15 heures. Après avoir visité ensemble une maison sans grand intérêt (adossée contre une colline rocheuse, l’intérieur est trop sombre et humide) je rebranche mon ordinateur et commence à téléphoner en France. Avec le décalage horaire il est 9 heures dans l’hexagone. Les librairies et les maisons de la presse ouvrent leurs portes. Grâce au système de téléphonie par internet Skype, je peux, pour un prix très modique (0,017 centime d’euro la minute), connaître l’état des stocks de mes livres et effectuer le cas échéant un réassort. Lorsque cela se présente, j’envoie factures et bons de dépôts à mes parents qui traitent ensuite la commande (avant de partir j’avais pré-emballé les livres en différents lots). Bénéficier ainsi de leur soutien et penser que certains Français n’ont pas encore lu mon livre, c’est une grande chance !
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16 h 30 : Je vais chercher les enfants à l’école en scooter. Goûter en leur compagnie. Puis Xiao Lin les assiste dans leurs devoirs.
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18 h 00 : Souper. Douche. Devoirs complémentaires si besoin.
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20 h 00 : La soirée se termine généralement derrière l’écran de l’ordinateur (nous n’avons pas de téléviseur). Je choisis avec les enfants (Xiao Lin n’est que sino-phile) un film que j’ai téléchargé (ai-je le droit ici ?). Avons revu la série des Shadocks (ils sont drôles ces Français d’antan !) ; Dessins animés à foison, période japonaise en ce moment, plus poétiques ; L’excellente série C’est pas sorcier (également diffusée sur les chaînes de télé chinoises) ; Puis avec eux je tente des petites incursions chez les frères Cohen (O Brother, Fargo...), Emir Kusturica, Woody Allen (période burlesque), et quelques classiques à grands spectacles. Toutefois la sensibilité exacerbée de Lino et ses propensions aux cauchemars me pousse à un peu plus de prudence (La Guerre des Mondes de Spielberg, avec les extra-terrestres qui pompent le sang des humains pour recracher leurs carcasses accompagné de confetti rouges, ça passe mal !). Hier on a conclu sur le film Un jour sans fin avec Bill Murray, l’histoire d’un homme qui revit éternellement la même journée. De la science fiction sympathique, bien que le message philosophique et moralisateur soit assez banal et improbable...
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7 h 00 du matin, petit déjeuner avec les enfants tout en prêtant une oreille distraite aux informations de France-Inter captées grâce à la magie d’Internet. Difficulté de s’intéresser aux préoccupations franco-françaises du moment...

Epilogue : Certains visiteurs de ce blog (qui m’ont écrit) ont cru déceler dans ce dernier message comme un semblant de déprime dans mes propos. Ce n’était pas mon intention. Au contraire, j'ai l'esprit libre, actif (par petites doses) dans mon travail, disposant du temps à volonté pour être plus près de mes enfants et de Xiao Lin, et ceci sans grosses contraintes financières. C'est déjà pas mal pour être heureux !

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07 octobre, 2006

Les fêtes du mois d'octobre


Le 1er octobre est Fête Nationale en Chine. Celle de 2006 commémore le 57ème anniversaire de la République Populaire de Chine. C’est en effet à cette date qu’en 1949, à Pékin, du balcon de la Cité Interdite des anciens empereurs, que Mao Tsé-toung proclama l'avènement de la toute jeune République. Ceci mettait fin à une longue guerre civile entre les communistes et le parti nationaliste du Kuomintang dirigé par Tchang Kaï-chek. Battu, Tchang Kaï-chek devra se réfugier sur l'île de Formose (Taiwan) sous la protection de la flotte américaine.
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Avec le Nouvel An chinois, la Fête Nationale est une période de villégiature importante. L’ensemble des étudiants sont en vacances tout comme la plupart des fonctionnaires qui bénéficient de congés pendant cette " semaine en or ". Les festivités vont bon train. C’est une excellente période pour les mariages, mais surtout on en profite pour visiter la famille et partir quelques jours en excursion vers les lieux touristiques à la mode. Par an, il y a plus de 800 millions de Chinois qui partent en vacances, dont une bonne partie (111 millions) voyagent pendant cette période. La concentration du nombre de visiteurs se rendant sur les lieux touristiques est telle que les autorités de plusieurs régions sont obligées d’en restreindre leur nombre. A tel point que les pouvoirs publics encouragent de plus en plus les Chinois à visiter le pays hors saison.
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Yangshuo est en ce sens un lieu particulièrement prisé par les vacanciers. Le centre se retrouve alors complètement congestionné par la circulation et la densité des touristes qui parcourent les rues piétonnes dans une ambiance festive. Les maisons de style traditionnel avec leur balcon et leur toit recourbé sont décorées de lanternes. Les boutiques de souvenirs - brocantes, soieries, peintures - ne désemplissent pas. Les innombrables terrasses de restaurants et de bars attirent le chaland par une incroyable variété de plats et de musiques allant de la techno rave à la traditionnelle flûte de bambou. A remarquer que la grande majorité de ces touristes chinois sont de jeunes couples sans enfants venus ici pour leur lune de miel, ou en groupes d’amis, profiter de la douceur du climat et des paysages romantiques de renommée internationale.
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Cette année la Fête Nationale coïncide presque avec la fête de la Lune qui tombe le 6 octobre. Cette fête aux origines lointaines est une occasion de retrouvailles familiales importantes. Pour l’occasion on y déguste les traditionnels petits gâteaux de la Lune (l’origine de cette tradition remonterait à l’époque Tang, lorsqu’un pâtissier tibétain confectionna un genre de gâteau fourré en l’honneur d’un général victorieux). De nos jours les gâteaux sont fourrés de toutes sortes d’ingrédients, assez roboratifs à mon goût). Toute la journée, et spécialement le soir, des rouleaux entiers de pétards sont déroulés sur les trottoirs, et éclatent à tout rompre.
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Au cours de ces fêtes familiales il est d’usage d’offrir, outre une splendide boîte de gâteaux de la lune, une petite enveloppe rouge, (le rouge symbolise le bonheur) avec à l’intérieur un don d'argent. Considérées comme une sorte de porte-bonheur elles sont aussi beaucoup employées comme dessous de table en échange de services. Généralement l’enveloppe est remise par les adultes aux enfants. Le montant du don est quelque chose de très important, dans la mesure où il détermine l'importance sociale du donneur et la force de leur lien. C'est une forme de rapport social, pour ne pas dire un rapport de force. Le montant à remettre peut se révéler un véritable casse-tête chinois : Il doit être évalué en fonction de son statut social, mais attention, trop donner peut faire perdre la face au destinataire qui ne peut rendre la pareille, et donner trop peut être interprété comme du mépris. En général on rend (plus tard et à une autre occasion) une somme identique à celle que l’on a reçue, d’où l’importance de bien tenir ses comptes de la petite enveloppe rouge ! XiaoLin, pervertie par son séjour en Occident, a du mal à se plier à ces traditions et tente par tous les moyens de refuser ces dons (ce qui n’est pas toujours facile, et pas toujours bien vu !)
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